Bonjour, c’est Vincent de MH Innov’.
Dans ce nouveau numéro de PassTech, on va parler du futur de l’insurtech mais aussi de ces nouvelles combinaisons entre solutions technologiques et garanties d’assurance (en particulier dans le domaine de la cybersécurité).
Bonne lecture.
La tendance sur laquelle je vous propose de revenir ce mois-ci, c’est la cyberassurance pour les PME.
💻💣 Cyberattaques : un risque toujours plus prégnant
La cybersécurité n'a jamais été autant au cœur de l'actualité, aussi bien sur le plan géopolitique (cf. les attaques russes) qu’économique. Le Covid et le télétravail ont accéléré la transition cloud des entreprises et, avec elle, les risques qui y sont associés. Dans le dernier rapport Hiscox, 48% des entreprises interrogées ont déclaré avoir subi au moins une cyberattaque ces 12 derniers mois, avec une augmentation significative des ransomwares. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir que le risque cyber se place aujourd'hui en pole position des risques qui pèsent sur les entreprises d'après l’Allianz Risk Barometer 2022. Ce risque est d'autant plus critique pour les PME : 60% d'entre elles ferment dans les 18 mois lorsqu'elles en sont victimes. Car une cyberattaque peut causer de multiples dommages : arrêt de l'activité, pertes de données, responsabilité vis-à-vis des partenaire, dégradation de l'image, …
💣🛡️ Cyberassurance : un marché compliqué
Un risque jusqu'ici plutôt rare, souvent aléatoire et qui peut faire mal : il s'agit d'un sujet parfait pour une offre d'assurance. Aussi la demande pour l'assurance cyber n'a jamais été aussi forte. Le marché a déjà doublé sur les 4 dernières années et on devrait s'attendre à ce qu'il fasse au moins la même chose sur les 4 prochaines. Pour autant, l'offre n'est pas encore vraiment au rendez-vous. Le fait est que ce marché est encore relativement récent, volatile et sujet à de potentiels risques systémiques. Les assureurs sont donc méfiants, à juste titre. Le rapport de l'AMRAE, qui vient de sortir, observe un rapport sinistre / prime 2021 moyen à 88% pour la profession, quand celui-ci était de 167% en 2020 et 84% en 2019. Ce chiffre 2021 s’explique par le fait que, pour faire face à la menace, les assureurs ont du augmenter leurs tarifs et resserrer leurs critères de souscription.
La demande est donc bien là, mais l'offre n'est pas encore complètement mature. Pour sortir de ce cercle vicieux, une des issues est de faire grandir rapidement ce marché afin qu'il atteigne une traille critique plus propice à la mutualisation des risques et à leur pilotage par les assureurs. Justement, celui-ci se concentre aujourd’hui (à plus de 85%) sur de grandes entreprises : il est donc temps d'équiper les PME françaises, qui en ont plus que jamais besoin.
🛡️🏢 Cyberassurance des PME : le nouvel eldorado ?
Face à la demande grandissante, le marché de la distribution de cyberassurance pour les PME pourrait être considéré comme un océan bleu. En fait, en tant que distributeur, le nerf de la guerre est surtout de convaincre les porteurs de risques de vous faire confiance et vous apporter la capacité nécessaire. C'est ce qu'ont déjà réussi à faire des néocourtiers US comme Coalition et At Bay, devenus par la suite des licornes. En Europe, de nouveaux acteurs émergent également. En France, deux d'entre eux ont justement annoncé des levées de fonds significatives ce mois-ci : Dattak qui a levé 7M€ auprès d'XAnge, et Stoïk qui en lève 11M€ auprès du fonds américain a16z.
Leurs approches sont assez similaires. Ces deux acteurs ont su convaincre des assureurs comme Wakam et Acheel, mais aussi et surtout les réassureurs qui sont derrière. Tous les deux privilégient un modèle grossiste pour distribuer leurs produits via des courtiers, auxquels ils fournissent des outils de souscription digitaux simples et rapides. Enfin, tous deux ne se contentent pas de vendre un produit d'assurance, mais combinent leurs garanties avec la mise en place d'outils d'évaluation, de suivi et de renforcement de la cybersécurité de leurs clients.
Ce dernier point est surement le plus intéressant. C'est cette combinaison entre tech et assurance qui rend la distribution accessible au PME : la tech permet de scanner en amont les vulnérabilité de l'entreprise de manière automatique afin de réaliser un scoring de risque et une tarification. Ces mêmes outils permettent ensuite de monitorer en continue le niveau de risque cyber auquel l'entreprise est exposé et de proposer régulièrement des actions de prévention adaptées. L’inclusion de cette brique technologique permet enfin d'être réactif en cas d'incident pour limiter les pertes associés et réduire ainsi le montant des sinistres à prendre en charge.
Voici donc un marché pour lequel la combinaison entre produit d'assurance et technologie de prévention semble particulièrement pertinent. Au-delà des bénéfices immédiats de ce type de couplage pour le client et le distributeur, on peut aussi s’attendre à ce que les données récoltés dans le cadre des services de cybersurveillance viennent progressivement renforcer la connaissance fine des risques encourus, et améliorer les modèles de pricing des assureurs. In fine, il s’agit peut-être du type de modèle que le marché de l’assurance cyber attend pour passer enfin à l’échelle ; ce que notre tissus économique de plus en plus digitalisé a de plus en plus besoin.
📊 Hiscox Cyber Readiness Report 2022
📊 Allianz Risk Barometer 2022
📊 LUCY : LUmière sur la CYberassurance – AMRAE – Juin 2022
📰 Dattak, une nouvelle assurtech sur le marché de l'assurance cyber des TPE-PME - L’Usine Digitale
📰 Assurtech : la PME Stoïk lève 11 millions pour évangéliser son marché - Les Echos
📰 Cyber et Assurance - Protéger les entreprises sans rentrer dans le jeu des pirates, un véritable défi - Eficiens
Au-delà de la cyberassurance, on trouve, bien entendu, d'autres cas d'outils digitaux de prévention combinés à une offre d'assurance. Dans l'assurance habitation par exemple, Luko annonce, ce mois-ci, le lancement de Luko Water, un boitier connecté pour détecter les fuites et prévenir les dégâts des eaux. 📰 Clubic
Dans un autre registre, on trouve des acteurs comme Yulife qui combinent une offre d’assurance prévoyance collective avec une plateforme digitale d’engagement des salariés et de prévention santé. L’entreprise anglaise annonce, ce mois-ci, une nouvelle levée de fonds de 117M€ auprès de l’assureur japonais Dai-ichi Life. 🚀🚀🚀 📰 TechCrunch
Autre entreprise du portefeuille MH Innov’, Wefox annonce avoir récemment dépassé les deux millions de clients couverts 📰 Insurtech digital
Côté auto, Ornikar confirme ses ambitions dans l’assurance 📰 Maddyness
Enfin, Orus se lance dans l’assurance des restaurateurs. Comme Expression avant lui aux UK (ou encore +Simple en France), on observe une tendance à la spécialisation verticale des fintechs. 📰 Les Echos
Quelques analyses que j’ai trouvé intéressantes :
Toujours sur le marché de l’insurtech, Dealroom publie avec Mundi Ventures, Mapfre et NN The State of European Insurtech 2022, tandis que BCG publie The Funding Streak in Insurtech Continues 📈 Dealroom 📈 BCG
Malgré la chute sans fin des valorisations des entreprises publiques américaines, l’insurtech n’est clairement pas morte comme le clame Rob Moffat dans Reports of insurtech’s death are greatly exaggerated… et Matteo Carbone dans Insurtech must be taken seriously. 📃 Medium 📃 LinkedIn
Enfin, dans un récent article, Deloitte se pose la question du future of behavioral health. 📈 Deloitte
Voilà pour ma rétrospective du mois.
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