Bonjour, c’est Vincent de MH Innov’.
Avec un peu de retard, voici le nouveau numéro de PassTech.
Au sommaire : un focus sur ces néoassureurs qui affectionnent le modèle des plateformes numériques, puis, comme d’habitude, une sélection partiale de diverses actualités du secteur.
Bonne lecture.
Ce mois-ci, je ne pouvais pas manquer de revenir sur un de mes sujets de prédilection : la plateformisation de l’assurance.
🤔Plateformisation de l’assurance : de quoi parle-t-on ?
Ceux qui ont la chance de me suivre savent que j’écris régulièrement sur ce sujet.
Brièvement, on peut présenter cette tendance de la manière suivante :
la digitalisation des parcours et le développement des API ouvrent de plus en plus la voie à l’open insurance, c’est à dire la mise en marché de nouvelles solutions d’assurance créées par l’assemblage de différentes fonctions de la chaîne de valeur, disponibles sous la forme de services digitaux,
comme dans toutes les industries transformées par le digital, certains acteurs seront amenés à prendre une place prépondérante dans cet environnement en se positionnant comme la plateforme numérique de référence ; soit en réussissant à agréger l’offre et la demande, soit en opérant l’infrastructure centrale d’échange de données entre les acteurs de l’écosystème.
Cette nouvelle donne de marché apporte son lot de menaces et d’opportunités pour les acteurs du secteur. Dans mon dernier article (que vous pourrez retrouver ici), je faisais l’analyse des cas de 3 néoassureurs qui surfent avantageusement sur cette dynamique : Seyna, Alan, Wefox. Deux d’entre eux ont justement annoncé, ce mois-ci, de nouvelles avancés stratégiques sur leur positionnement en tant que plateforme.
🏎️ Seyna ou la plateformisation du portage de risque
Début Février, ce néoassureur a fait parlé de lui en annonçant une nouvelle levée de fonds de pas moins de 33M€. Depuis le changement d’équipe de management, réalisé 1 an plus tôt, l’entreprise n’a fait que renforcer son positionnement d’intermédiaire technologique entre les apporteurs de capitaux et les distributeurs d’assurance IARD. Dans un monde où les coutiers (physiques ou digitaux) restent les mieux placés pour sentir les besoins des clients et les accompagner dans la durée, Seyna investit sur eux et leur apporte les produits spécifiques dont ils ont besoin pour croitre, à l’instar d’un studio de produits d’assurance comme Wakam. Mais Seyna cherche à aller encore plus loin dans son positionnement tech et propose également, dans sa “plateforme tout-en-un”, des outils digitaux d’aide à la vente et de gestion. Sur l’autre face de la plateforme, Seyna propose également des outils digitaux spécifiques à ses partenaires réassureurs.
Le modèle de plateforme digitale dans l’assurance n’est donc pas limité à la pure distribution (comparateurs, néogrossistes, …) et, visiblement, Seyna entend bien profiter de ses nouveaux moyens pour en montrer aussi la pertinence dans la gestion de l’arrière-boutique.
🐼 Alan ou la plateformisation des services de santé
Un autre acteur a fait beaucoup parlé de lui ce mois-ci : Alan.
D’abord, dans sa traditionnelle lettre aux actionnaires, l’entreprise annonçait l’ouverture d’un nouveau service de santé autour de l’optique, Alan Clear, puis, quelques jours plus tard, la fermeture d’un autre autour de la parentalité, Alan Baby.
Mais au-delà de ces ouvertures/fermetures de services, l’entreprise annonçait également une évolution, qui pouvait sembler a priori cosmétique, de son système de facturation : la séparation des frais d’abonnement à ses services du reste de la prime d’assurance. Une telle décomposition est déjà plébiscitée par des néoassureurs comme Luko ou Lemonade, afin de se prémunir d’éventuels conflits d’intérêts dans la gestion des sinistres (cf. leur système de giveback). Dans les faits, cette évolution s’avère loin d’être juste un coup marketing pour Alan : elle s’inscrit clairement dans sa stratégie annoncée de basculer d’un positionnement d’assureur (dont le modèle économique repose sur un équilibrage technique entre les sinistres et les primes), à celui d’une plateforme de gestion et de services de santé (dont le modèle économique repose sur une commission récurrente, fonction des primes, voir d’un abonnement).
Cette mutation a été confirmée quelques jours plus tard par l’annonce du lancement de l’offre Alan-as-a-service. Cette fois, exit l’offre d’assurance : la super-app Alan est dorénavant compatible avec des offres d’assureurs tiers. Le gros avantage de cette formule est qu’elle peut intéresser de petites mutuelles ne bénéficiant pas de capacité digitales internes mais bénéficiant déjà d’un portefeuille de clients fidèles. Un raccourci intéressant pour faire grandir rapidement la plateforme de services de santé d’Alan, vers la taille critique dont elle a besoin, sans s’encombrer des contraintes du modèle assuranciel (et de ses besoins de fonds propres). Pour Alan, l’assurance n’a toujours été qu’un moyen d’agréger sous son ombrelle une partie de la demande. Le second étage de la fusée commence ainsi à prendre forme, la forme d’une plateforme numérique de services de santé qui pourrait compter demain dans l’écosystème européen.
📃 Positionner l’assureur en tant de plateforme | #2. Les opportunités
📰 L'insurtech Seyna part en reconquête avec une levée de 33 millions - Les Echos
📃 Alan - 2021 Letter to shareholders - Alan
📰 Services en santé : Alan fait le tri - L’Argus de l’assurance
📰 Alan offers its insurance stack to smaller health insurance companies - TechCrunch
Le Covid a visiblement remis à l’honneur nos amis à poils et aiguiser l’appétit de nombreux acteurs pour l’assurance chiens/chats. C’est via ce produit que la néobanque Revolut annonce son entrée à part entière dans le secteur de l’assurance. De nombreuses insurtechs ciblent déjà ce marché et de nouvelles continuent d’arriver (ex : Drooky). En réponse, les courtiers historiques se renforcent, à l’image de SantéVet qui vient de lever un nouveau tour de financement de 150M€. 📰 Fintech & Finance News 📰 Le Figaro
On assiste à une fin de cycle sur l’insurtech américaine. Au-delà des cours de bourses en chute libre, les opérations d’adossement s’accélèrent. Dernier en date : Trov, un des précurseurs US de l’assurance à la demande, puis de l’assurance embarquée, annonce avoir finalement rejoint The Travelers Companies. 📰 Insurance Journal
Enfin, une belle histoire que celle de Betterfly qui devient la première licorne insurtech sudaméricaine. L’entreprise propose des produits de prévoyance collective associés à une plateforme de bien-être et d’engagement des salariés. A la différence de programmes comme Vitality ou Yulife, le cashback est ici remplacé par des donations aux associations caritatives. Top. 📰 LendIt Fintech
Quelques analyses que j’ai trouvé intéressantes :
L’Open & Embedded Insurance Observatory publie un premier mapping des acteurs techs facilitant le déploiement de l’open insurance. 🗺️ LinkedIn
McKinsey publie son Global Insurance Report 2022 intitulé “Creating value, finding focus” avec quelques chiffres globaux sur l’évolution du secteur. 📈 McKinsey
Voilà pour ma rétrospective du mois.
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