Bonjour chers lecteurs de PassTech.
Je vous souhaite tout d’abord une excellente année 2023.
Dans ce numéro de Décembre, on va parler de pleins de choses mais aussi faire un point sur la crise des investissement dans la santé et la finance numériques.
Bonne lecture.
Décembre est généralement l’heure des bilans. Regardons donc une seconde dans le rétroviseur et revenons sur l’état du marché du capital risque.
💰⏬ Une crise du financement qui s’installe
Après la surchauffe de 2021, 2022 est bien l’année de la crise pour la tech européenne. Le cumul des levées de fonds sur l’année en Europe devrait atteindre péniblement les 85Md€ contre 103Md€ l’année précédente. A l’échelle mondiale, les chiffres de Crunchbase concernant l’investissement en capital risque évoque un déclin encore plus net de l’ordre de -35%, passant d’un total de 681Md€ en 2021 à environ 445Md€ en 2022.
Premières victimes de ce recul des investissements, les scale-ups qui avaient, ces dernières années, l’habitude des méga tours de table. Ceux-ci se sont fait plus rares en 2022 … et surtout pas aux mêmes conditions. Les plus grosses fintechs européennes en ont ainsi fait les frais, à l’image de Checkout.com dont la valorisation vient de passer, ce mois-ci, de 40Md€ à 11Md€. Après la revalorisation de Klarna de 45,6Md€ à 6,5Md€ en juin dernier, la couronne de la startup européenne privée la mieux valorisée revient dorénavant à Revolut avec 33Md€ … jusqu’à un prochain passage après des investisseurs. A noter que, du côté des premiers tours de financement, les valorisations n’ont pas autant baissé mais les investisseurs se font plus sélectifs.
Cette crise des valorisations se traduit également sur le marché du travail : le mois de Novembre a vu près de 60.000 licenciement dans la tech aux USA, chez Meta, Amazon, Twitter, mais aussi dans des centaines de startups de la Silicone Valley. Comme souvent, le choc est moins violent dans l’Hexagone où seuls quelques acteurs comme Meero, Sunday ou Back Market ont annoncé plus d’une dizaine de suppressions de postes.
👩⚕️🔙 Santé digitale : retour aux fondamentaux
Bien sur, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. En France, le secteur de la fintech ne s’en sort finalement pas trop mal avec 2,9Md€ levés en 2022, soit une progression de 28% par rapport à 2021. Le secteur de la santé numérique a été, par contre, davantage bousculé : au niveau européen, les investissements ont baissé de 23% en 2022 (c’est plus de 40% de baisse au niveau mondial). Il semblerait que le soufflet provoqué par la pandémie de 2020 soit en train de quelque peu retomber.
Le phénomène concernant principalement les entreprises les plus matures, on peut encore noter, sur ce mois de décembre, quelques belles levées de fonds dans le secteur pour de jeunes entreprises, comme celle de 8M€ de Sêmeia, plateforme de télésurveillance et hub de données de santé. Ayant été directement impliqué dans cette opération, j’en profite pour en relever trois points qui pourrait être emblématique de ce nouveau contexte de marché sur la santé numérique :
L’opération de financement fait intervenir des CVC. Ces investisseurs, généralement plus patients, sont plus à même de suivre les cycles de développements parfois plus lents des projets de santé numérique. C’est d’ailleurs ce que vient de faire également Remedee Labs, qui vient d’annoncer une levée de 12,5M€ pour son bracelet connecté.
L’opération de financement est quasiment synchrone avec la parution, ces derniers jours, des décrets entérinant la prise en charge de la télésurveillance médicale par l’Assurance maladie. Les évolutions des politiques nationales de remboursement rythment encore et toujours le marché de la santé. Cela se confirme par une levée de fonds de 10M€ également annoncé par un concurrent : Satelia.
L’opération de financement s’accompagne du rachat d’un autre concurrent : Optim’Care. Après la multiplication des initiatives en télémédecine ces dernières années, l’heure est maintenant à la consolidation progressive des acteurs. C’est d’ailleurs ce que viennent de mettre également en pratique Nouvéal et Maéla, les spécialistes du télésuivi, qui annoncent leur fusion.
👩⚕️🛣️ Santé digitale : des opportunités toujours aussi grandes
Un premier cycle semble donc se clore, en cette fin 2022, et un nouveau s’ouvre. Pour autant, l’investissement dans la tech et plus particulièrement la healthtech a encore de beaux jours devant lui. Il suffisait d’ailleurs de lire les infos de ces dernières semaines pour se rappeler que notre système de santé est encore loin d’être parfait, que de nombreux patients ont encore du mal à y accéder efficacement, que les médecins et le personnel soignant ne s’y retrouve plus et que le coût de l’ensemble ne fait qu’augmenter. Le digital ne résoudra pas tout ces problèmes mais peut y contribuer de multiple manières.
C’est d’ailleurs ce que pense le fameux fonds d’investissement Andreessen Horowitz qui prédisait, dans un post récent, que la plus grosse entreprise du monde serait, un jour, un acteur de la santé digitale grand public. De quoi motiver les centaines de healthtechs européennes actuellement recensés.
📈 Global Funding Slide In 2022 Sets Stage For Another Tough Year - Crunchbase
📰 London fintech Checkout.com sees valuation plunge to $11 billion - Evening Standard
📃 Why are early-stage valuations going up? - Superseed
📈 Tech Layoff Tracker and Startup Layoff Lists
📰 Plans de départ volontaire, fin de période d'essai, PSE… la French Tech se met au régime - Les Echos
📃 Le bilan France Fintech : la fintech française maintient le cap - France Fintech
📈 Global Digital Health Ecosystem 2022 Year End Report - Galen Growth
📰 Remedee Labs lève 12,5 millions d'euros pour soulager les douleurs chroniques - L’Usine Digitale
📰 Le spécialiste de la télésurveillance médicale Sêmeia se renforce et lève 8 millions d'euros - L’Usine Digitale
📰 Télésurveillance: Satelia lève 10 millions d'euros - TIC Santé
📰 Télésuivi médical : Nouveal et Maela fusionnent - MindHealth
📰 Inflation : les dépenses de santé sous haute pression en France - Les Echos
📰 The Biggest Company in the World - a16z
La principale actualité du mois de décembre a surement été la sortie grand public de ChatGPT, un chatbot développé par OpenAI et exploitant la technologie du modèle de langage GPT-3.5. Après “NFT” début 2022, “ChatGPT” est définitivement le buzzword de la rentée 2023. Le service a déjà bluffé des millions d’utilisateurs, leur a permis de toucher du doigt les dernières avancées en termes d’IA conversationnelle et de se projeter sur de multiples applications. Google n’a qu’à bien se tenir. 📰 Siècle Digital 📰 Les Echos 📃 Medium
NB : C’est peut-être le début de la fin pour de nombreux producteurs de contenus, mais pas pour les newsletter car sa base de données d’entrainement date de 2021 😉.Descartes Underwriting obtient son agrément de porteur de risque auprès de l’ACPR pour ses activités d’assurance des risques climatique. Descartes Insurance ciblera principalement les entreprises européenne de taille intermédiaire. De son côté, Seyna obtient également un nouvel agrément pour étendre son activité sur les segments santé et prévoyance. 📰 Reinsurance News 📰 News Assurances Pro
NB : Obtenir l’agrément d’assurance ne fait pas toujours sens (cf. le Conviction Paper écrit sur ce sujet avec Eurazeo), mais la démarche semble pertinente pour Descartes qui dispose d’un accès spécifique à certaines données d’évaluation des risques.
Quelques analyses que j’ai trouvé intéressantes :
Dans Health and Wellness Engagement Impacts, Swiss Re constate que les bons programmes digitaux d’engagement des assurés autour du sport et de la santé peuvent déjà faire baisser la sinistralité des contrats de prévoyance en cas de décès de 3 à 4%. 📈 Swiss Re
Atomico vient de publier son traditionnel The State of European Tech, véritable mine d’or sur le marché du capital risque. A noter que, malgré un contexte plus difficile, les entrepreneurs et investisseurs français restent toujours plus optimistes que la moyenne. 📈 Atomico
Enfin, Accel a également publié un panorama clair de l’état de la fintech en cette fin 2022 dans The fintech landscape & Accel Fintech 100. Pour creuser les écarts entre les différents pays européens, consultez également l’analyse Europe’s fintech opportunity de McKinsey. 📈 Accel 📈 McKinsey
Voilà pour ma rétrospective du mois.
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