Bonjour, c’est Vincent de MH Innov’.
Dans ce dernier numéro de PassTech pour 2021, je reviens sur l’épopée incroyable qu’a connue l’insurtech tout au long de cette année et ce que cela présage pour l’avenir.
Bonne lecture.
Pas de tendance ce mois-ci, mais plutôt un premier bilan sur l’extraordinaire accélération de l’insurtech européenne.
📈💶 Une croissance exponentielle des investissements
J’ai commencé cette newsletter, en janvier, sur un constat enthousiaste : l’insurtech française était en plein essor. J’évoquais déjà les 15M€ levés par Leocare, la barre des 100K clients assurés par Luko et la création du regroupement Insurtech France. Moins de 12 mois plus tard, Leocare levait à nouveau 98M€, Luko passait allègrement la barre des 200K clients assurés et Insurtech France recensait plus de 150 membres. La machine s’est emballée. Les comptes ne sont pas encore faits mais l’insurtech française a vraisemblablement dépassé la barre des 600M€ de fonds levés sur l’année, plus de 3 fois les montants de 2020 !
Ces résultats sont à mettre en rapport avec la dynamique globale du capital risque en Europe. 2021 est l’année de tous les records pour l’investissement dans les startups. En France, c’est 10Md€ qui ont été investis cette année, presque 2 fois les montants de 2020. De plus, avec, en moyenne, un nouvelle licorne chaque mois, l’hexagone a plus que doublé son cheptel de champions. Aujourd’hui, l’INSEE estime que le territoire compterait près d’1,5M de personnes travaillant directement ou indirectement pour une startup. L’Allemagne et le Royaume-Uni ont connu une explosion similaire de leur écosystème tech.
Si on regarde au niveau européen, les investissements dans l’insurtech ont été 4 fois plus importants en 2021 qu’en 2020. Aussi, alors qu’elle n’en comptait qu’une au 1er janvier, l’Europe compte aujourd’hui pas moins de 7 licornes dans le secteur : Wefox, Bought by Many, Shift, Alan, Zego, Tractable, Marshmallow … et la liste pourrait encore s’allonger dans les prochains mois.
💶 L’argent ne fait pas tout …
Le suivi des montants levés par les startups constitue un indicateur essentiel pour mesurer la transformation d’un marché. Il a l’avantage d’être quantitatif, simple à comprendre et souvent publiquement partagé. Mais il traduit davantage l’appétit des investisseurs pour le potentiel de transformation du secteur que l’impact immédiat de ces nouveaux acteurs sur le terrain. Ainsi, malgré les sommes colossales investies, la plupart des néoassureurs sont encore loin de pouvoir atteindre l’échelle nécessaire pour réellement menacer les acteurs en place. Certaines de ces valorisations semblent donc difficiles à justifier. 2021 a d’ailleurs été l’année de la douche froide pour les néoassureurs américains récemment entrés en bourse : leur valorisation a chuté drastiquement depuis le début de l’année (Lemonade -63%, Hippo -74%, Root -80%, Metromile -84%). Pour autant, ces réajustements n’ont pas gelé leurs moyens et leurs ambitions, comme le montre le rachat de Metromile par Lemonade.
… mais pousse le secteur à se transformer. ♻️
Bulle ou pas, 2021 marque clairement un point d’inflexion dans la dynamique de digitalisation du secteur. Il y aura un avant et un après. Même sur le terrain, des signes montrent que les choses bougent. On croise, par exemple, de plus en plus de publicités pour Leocare, Lovys, Luko. Sur les flux de nouveaux contrats, ces nouveaux acteurs grignotent des parts de marché de plus en plus significatives.
Derrière ces vitrines, de nouveaux modèles, portés par les insurtechs, sont également à l’œuvre afin de rebattre les cartes du secteur. On parle d’open insurance, embedded insurance, insurance-as-a-service, parametric insurance, usage based insurance, …
En cette période charnière, le moment semble donc venu, pour les assureurs historiques, de prendre toute la mesure des évolutions technologiques et économiques engagées ces derniers mois et d’intégrer cette nouvelle donne à leurs réflexions stratégiques. A toutes fins utiles, j’ai d’ailleurs pris la peine d’écrire un long article à ce sujet : ici (en avant première mondiale pour les fidèles lecteurs de PassTech 😉).
2021 n’aura donc été qu’une course en avant pour l’insurtech européenne, la faisant gravir un nouvel échelon. Hâte de voir se concrétiser ces ambitions sur 2022.
Alan et prochaine !
📰 10 milliards d’euros levés en 2021 : la French Tech ne connaît pas la crise - Presse Citron
📰 Les startups emploieraient 1,5 million de personnes en France - Maddyness
📄 Leaders and winners within InsurTech - LinkedIn (Sabine VanderLinden)
📄 Global perspectives on insurtechs - McKinsey
📈 Insurtech & Innovation dans l'assurance en France - Novembre 2021 - Klein Blue
📈 Live data on the European InsurTech scene - astorya.io
Quelques super études dans lesquelles plonger, lors de vos longues soirées devant la cheminée :
Web3, métavers, NFT, … cette année, Benedict Evans nous partage, en 94 slides, ce que l’avenir nous réserve dans Three steps to the Future. 📈 Benedict Evans
Une bible des données actualisées et un format au design hyper soigné, comme chaque année, State of European Tech par Atomico est un “must read” pour les aficionados de la tech. 📈 State of European Tech
Enfin, si vous voulez comprendre pourquoi, même si les montants investis en Allemagne ont déjà triplé cette année, c’est loin d’être suffisant pour le futur de la tech européenne, vous pouvez lire la démonstration de Lake Star dans 2 Trillion German Financing Gap. 📈 European Financing Gap
Voilà pour ma rétrospective du mois (et de l’année).
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