Bonjour, c’est Vincent de MH Innov’.
Depuis +1 an, on nous parle de santé à longueur de journée et dans ce nouveau numéro de PassTech, j’ai décidé aussi de m’y mettre. Vous verrez que l’actualité tech a été particulièrement riche en la matière, ce mois-ci.
Bonne lecture.
Avril a concentré énormément d’annonces dans l’univers de la santé et j’ai donc choisi, ce mois-ci, un focus sur l’actualité des applications patients.
😷 L’effet coronavirus
A moins d’avoir passé les 14 derniers mois sur une île déserte, il ne vous a pas échappé que le sujet de la santé, et donc celui de la santé digitale, a fait l’objet d’une attention hors norme ces derniers temps. TousAntiCovid a été téléchargé par plus de 13 millions de personnes et, derrière lui, de nombreuses applications de santé se sont faites une nouvelle place dans le smartphone des français (en premier lieu les applications de téléconsultation). Au-delà de ces usages, c’est tout le marché de la healthtech qui a profité de l’appel d’air pour gagner quelques années de maturité en quelques mois. Au USA, 6,7Md$ ont été investis dans le secteur rien qu’au 1er trimestre 2021 : du jamais vu. Sur les 147 startups financées, 25 d’entre elles ont d’ailleurs recueillies plus de 100M$. La santé digitale qui pesait moins de 2% des fonds investis il y a 10 ans, en récolte aujourd’hui plus de 9%. La Covid n’explique pas à elle seule cette dynamique mais elle a renforcé le focus récent des investisseurs sur ce secteur. En Europe, on estime que sur ces 5 dernières années, la valorisation totale des startups e-santé a été multipliée par 6, passant de 8Md$ à 41Md$ aujourd’hui. Dans cet ensemble, les applications santé ont particulièrement fait parler d’elles ces derniers jours.
📱👨⚕️ La téléconsultation : l’application phare
Si les investissements dans les startups Santé ont accéléré ces derniers temps, les rachats aussi. Depuis le début de la pandémie, 17 transactions ont été dénombrées en Europe soit quasiment la moitié de ce qui a été comptabilisé sur la dernière décennie. 50% de ces 17 acquisitions ont été orchestrées par d’autres entreprises de e-santé : on observe donc un phénomène global de consolidation, en particulier au niveau des acteurs de la télémédecine. En France, on se souvient de MonDocteur racheté par Doctolib et MédecinDirect racheté par Teladoc. Ce mois-ci, c’est Qare qui entre dans le giron d’un acteur anglais de la téléconsultation : HealthHero.
Il semblerait que la pérennité de ces applications de téléconsultation à la demande nécessite l’atteinte d’une taille critique à l’échelle européenne. Doctolib, Kry et Babylon Health font déjà office de champions européens du secteur. Kry, baptisé Livi en France, vient d’ailleurs d’enfoncer le clou avec une nouvelle levée de fonds de 262M€. Maintenant que la Covid-19 a démocratisé l’usage de la téléconsultation et que la technologie s’est commoditisée, on devrait continuer à observer une course à la taille de la part de certains acteurs généralistes, tandis que d’autres préféreront une approche spécialisée. Il faut dire que les cas d’usage sont nombreux comme le montre la diversité des 104 acteurs français de la téléconsultation recensés par Klein Blue dans sa dernière étude.
📱💊 En aval : des applications pour le traitement
Consulter un médecin a distance est certainement l’usage qui a le plus décollé dernièrement. Mais de plus en plus d’applications se positionnent intelligemment en amont ou en aval d’un rendez-vous ou d’un diagnostic.
En aval, on trouve des applications qui vont permettre de gérer ou de traiter la maladie. Lorsqu’elles arrivent à démontrer leur efficacité clinique, seule ou en complément d’autres traitements, certaines d’entre elles peuvent même concurrencer des médicaments et prétendre à un remboursement de la part des assurances santé. On parle alors de thérapies digitales ou “Digital therapeutics” (DTx). On en recense déjà plusieurs dizaines (exemples). Ces DTx font l’objet d’un certain engouement car elles ont l’avantage d’avoir un coût marginal réduit, de ne pas avoir d’effets secondaires et d’être particulièrement efficientes dans le cadre de traitement de longue durée. Toutefois, leur déploiement sur le marché nécessite au préalable une validation médicale rigoureuse et la mise en place d’un modèle de financement adapté au système de santé local. Par exemple, aux US, ces solutions sont généralement financées par les entreprises ou les assureurs privés, tandis qu’en Allemagne, elles peuvent être prises en charge par l’assurance santé publique depuis la mise en place récente du Digital Care Act (DVG). C’est justement sur ces deux marchés qu’évolue Kaia Health, une application DTx focalisée sur les troubles musculosquelettiques et les BPCO, et qui vient d’annoncer ces derniers jours une nouvelle levée de fonds de 62M€, montrant la voie sur ce marché européen naissant.
📱🧘♀️ En amont : des applications de suivi et prévention
Enfin, mieux vaut-il prévenir que guérir. Aussi, les app stores sont-ils pleins d’applications permettant à chacun de mieux piloter sa santé : sport, nutrition, méditation, information médicale, etc. Mais au-delà des ces applications spécifiques à un type d’activité donné, on voit émerger ces derniers temps des applications proposant une approche globale de la santé dédiée à des segments de marchés spécifiques. On trouve ainsi de nouvelles applications autour de la santé des enfants comme Alan Baby, May Santé, Malo ou encore Biloba qui vient d’annoncer sa levée de fonds ce mois-ci. On trouve aussi de plus en plus d’applications dédiées à la santé des femmes, ce que l’on appelle les “femtech”, avec en particulier Nabla, en France. L’entreprise s’est visiblement donné les moyens de ses ambitions avec pas moins de 17M€ de financement en poche, annoncés il y a quelques jours. Nul doute que l’actualité mettra prochainement en évidence des applications holistiques de santé également pour les seniors.
Quelque soit le persona, ces applications peuvent combiner à la fois du contenu pédagogique, des conseils/outils pratiques et une capacité d’échange direct avec des professionnels de santé, généralement par chat. L’idée est de simplifier l’accès à la santé, le plus en amont possible, pour à la fois anticiper et prévenir les risques de maladie mais aussi pour se positionner stratégiquement comme le nouveau point de départ des parcours de soins - voir peut-être un jour, de souscription d’assurance santé.
Mais la concurrence est rude et les assureurs voudront sûrement y jouer un rôle. En premier lieu Alan qui, avec son nouveau statut de licorne, semble prêt à sortir de son “simple” rôle d’assureur pour devenir la première super application de santé … avec de l’assurance dedans.
📈 Q1 2021 Funding Report: Digital health is all grown up – Megan Zweig (Rock Health)
📈 Digital Health Exits in Europe: Q1 2021 Update - Felix Faltin (Speedinvest)
📰 HealthHero rachète la startup française Qare pour devenir un géant européen de la téléconsultation - Frenchweb
📰 Kry (Livi) lève 262 millions d'euros pour devenir leader de la téléconsultation en Europe - Usine Digitale
📈 Tendances et perspectives pour la télémédecine en France - Klein Blue
📄 A digital health investor’s perspective: digital therapeutics (DTx) – Benjamin Belot (Kurma Partners)
📰 La start-up Biloba lève 1,4 million d'euros pour son application de téléconsultation pédiatrique - Usine Digitale
📰 Nabla lève 17 millions pour accompagner la santé des femmes - Les Echos
📰 Jean-Charles Samuelian-Werve (Alan) : « Le statut de licorne ne nous excite pas » - Maddyness
Axa et Microsoft annoncent une collaboration pour créer une plateforme numérique de soins de santé pan-européenne. 📰 L’Usine Digitale
La distribution digitale d’assurances aux freelances et TPE fait toujours des émules. Outre-Rhin, InsurQ lève 5M€, tandis qu’outre-Atlantique, la référence du secteur, Next Insurance, lève 250M€. 📰 EU Startups 📰 Coverager
Lemonade continue sa diversification avec l’assurance auto. Dans le même temps, Ornikar, la plateforme française de sécurité routière, lève 100M€ et se lance également sur le marché avec Ornikar Assurance. Stratégie Beyond insurance ou Embedded insurance : voici deux illustrations des différentes approches de la distribution digitale d’assurance. 📰 Businesswire 📰 Entreprendre
En Allemagne, la néobanque N26 s’associe au courtier Simplesurance pour lancer sa première offre d’assurance pour téléphone mobile. En France, la néobanque Ma French Bank s’associe, elle, au courtier Lovys pour une offre similaire, ainsi qu’une offre MRH. 📰 L’Agefi
Les nouveaux acteurs de l’assurance embarquée continuent de monter en puissance. Côté éditeur de logiciel pour assureur Penni.io vient de lever 5,7M€. Côté courtier digital, c’est l’un des précurseurs du secteur, Qover, qui vient d’annoncer une levée 20M€. 📰 Insurtech insights 📰 Frenchweb
Enfin ce mois d’Avril est l’occasion d’annoncer plusieurs batchs d’accélération assurance et santé : Plug and Play Insurtech Europe 6, French Assurtech 4 et la 1ère promotion de L’Incubateur d’Entrepreneurs en Santé Numérique de Bpifrance. 📄 PlugandPlay, 📄 French Assurtech, 📰 TicPharma
Quelques analyses que j’ai trouvé intéressantes ce mois-ci :
Pour ceux qui veulent creuser notre sujet du mois, 3 récentes publications sur le financement actuel des innovations en santé digitale :
- A defining moment for digital behavioral health 📈 Rock Health (Eng.)
- Trends in health tech investments 📈 Deloitte (Eng.)
- Digital healthcare: patient-first? 📈 Dealroom & Inkef Capital (Eng.)
Startups enabling the rise of Embedded Insurance : un mapping des acteurs de l’assurance embarquée par Dealroom, dans lequel se distinguent de nombreux acteurs européens. 🗺️ Dealroom (Eng).
Dans The EU InsurTech & Investment Show, Robin Kiera et Florian Graillot reçoivent Julian Teicke, CEO de Wefox, pour un éclairage sur la stratégie du premier néo-assureur européen. 🎞 LinkedIn
Romain Lavault (Partech) entretien la légende des débuts d’Alan dans Alan, a legendary company in the making. 📄 Partech (Eng).
Enfin, après avoir lu le livre d’Olivier Jaillon (Wakam) le mois dernier, j’ai lu celui d’Eric Mignot (+Simple) ce mois-ci - mais promis après j’arrête. Ne tirez pas sur l’assurance ! replonge aux origines du métier, pour mettre le doigt sur la dérive technocratique du système et la nécessité pour les assureurs de renouer le contact (via le digital) avec les entrepreneurs. Inspirant. 📗 Amazon
Voilà pour ma rétrospective du mois.
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